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Prolégomènes à la vie vraie

16. Le calvaire du phénix

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Au sortir des pénibles contractions de la modernité la philosophie qui se veut post-moderne nous a pondu une éthique des conséquences qui a tout l'air d'une tautologie humaniste remaniée. C'est une attaque en règle de l'instinct de conservation essentialiste qui redéfinit les limites du noyau atomique de l'être. Un stoïcisme revisité. Et en cela Sartre peut dire que l'existentialisme est un humanisme. Comme le voulait Wittgenstein ou Batteson, c'est une nouvelle description de l'enchaînement mathématiquement correct menant à de nouvelles conséquences virtuelles. Il s'ensuit de nouvelles formulations de l'évidence. Comme par exemple que les autres sont les seuls à pouvoir nous critiquer fructueusement, l'autocritique étant vaine. Cela a l'air de contredire une prescription séculaire stabilisée. Mais il n'en est rien. La fameuse poutre que j'ai dans l'oeil, les autres sont bien incapables de me l'y planter. Un jugement définitif est au mieux une gesticulation emphatique et inoffensive que seule peut soutenir une crédulité sado-masochiste. C'est pourquoi les attaques sont tolérables: il ne tient qu'à nous de ne pas en faire une affaire personnelle, mais une critique constructive. C'est une leçon de l'approche évolutionniste, de Darwin à Popper. Cela ne résout pas l'énigme de la substance inconnaissable (le noyau pervers), mais affirme le jeu des frontières entre l'être et le néant.

La perversité qui se manifeste dans le monde est la rémanence puérile du culte d'un dieu cruel. Les temps où fustiger se finissait au fouet. C'est pourquoi le pervers a tant de peine à remettre en question ses actions: il prend les injonctions au premier degré de la morale, au niveau intransigeant de l'entreprise de démolition qui caractérise la sélection naturelle avant la boucle réentrante de la réflexion civilisatrice. Mais bien sûr, il n'en demeure pas moins difficile de renoncer à l'estime des autres sans les mépriser eux et toute leur maudite humanité. C'est un délicat exercice de délicatesse acrobatique. Il semble bien pourtant que ce soit la tâche pressante dévolue à la post-modernité: affronter une blessure narcissique inouïe et mettre en place des tactiques immuno-affectives inédites. Un véritable calvaire de santé pour un phénix.
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Itinéraire d'une quête philosophique curieuse de ses propres racines: la pensée comme fleur neuroponique et son rôle écologique dans la sphère humaine.
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