Canalblog
Editer la page Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Prolégomènes à la vie vraie

35. Ainsi soit-il

©

 

 

  • Comment doit-on vivre (...) pourrait ressembler à une question sur la vie de bien, une vie digne d'être vécue.
  • L'homme bon ne peut pas être blessé, puisque la seule chose susceptible de l'atteindre serait une chose capable d'attenter au bon état de son âme, laquelle est inviolable.
Armé de ces douces réflexions socratiques glanées chez un penseur de l'éthique chevronné (Bernard Williams), je suis en mesure d'aborder quelques aspects de la condition humaine qui m'intriguent et me tracassent alternativement.
.
D'abord, par exemple, à part pour me forcer à l'analyse, le tracas mérite-t-il qu'on s'y adonne? Dans le cas des émotions fortes apparentées qui touchent de plus près à la morale (tel le remord), on dirait que la question est au moins irritante: le genre d'interrogation dont on évalue les résultats surtout (trop peut-être) au soulagement qu'ils procurent. En attendant, il me paraît clair que le remord (ou une autre émotion sociale du même acabit) quand il hausse le ton n'est pas toujours d'un conseil éclairant. Mais comment savoir à quel niveau sonore il serait opportun de s'en protéger l'entendement? Peut-être lorsque la petite voix se met à faire autant de bruit qu'un tonnerre assourdissant... C'est un exemple de réponse censée procurer un indéniable soulagement, sauf à se souvenir que ce soulagement lui-même ne fait pas office de preuve que ouf! tout va bien. La seule preuve est la démonstration qu'en apporterait la réalité. Mais, de nouveau en attendant, il n'est pas interdit d'en retirer quelque efficience pratique: le remord ne devrait pas me mettre au tapis pour le compte, ce serait trop bête, n'est-ce pas. Surtout de la part d’un être si imbu de sa capacité à tirer des leçons, qu’il ne se sent plus d’en donner. Ce qui expliquerait accessoirement la tendance du naturel à se muer chez lui en obligation, et pourquoi le qualificatif d’animal moral lui sied si bien.
.
Quelle vaine folie que de s'identifier au néant qui nous anime! S'exclamerait justement un métaphysicien évolutionniste. Aussi risible que de se prendre pour son ombre. Clairement, il serait impératif de débusquer le noyau pervers en soi, sans ça la tentation est forte de se regarder comme les autres nous voient. Ainsi l’idiot qui n’en rate pas une, spectateur impénitent de sa puissante gaucherie, suivant sa coupable propension à la naïveté et sa manière hésitante de se racheter, pour peu qu'il gesticule assez, se présente comme le candidat idéal au rôle d'agent infiltré du Malin, cause identifiable et tangible de tout ce qui ne tourne pas rond à la ronde. Il s'offrirait de la sorte comme pain béni expiatoire aux crachats et quolibets qui pendent au nez des consciences morveuses. Le pervers abonderait dans ce rôle de sale type bon à rien sinon qu’à pendre et jubilerait même: il voit dans la cruauté des index définitifs une victoire de son propre réalisme mal mouché. Le schizo n'y opposera que son éternelle perplexité fascinée. Socrate, lui s'y plierait sans renier son démon intérieur (son petit Jesus rédempteur à lui) devenant le prototype du martyr de la foi en soi. On peut dire que le bon stoïcien est vacciné de la dépendance à la récidive fatidique par son attachement à un placebo virtuel mais néanmoins réconfortant, puisque gentiment disposé à prendre en charge ses erreurs de débutant. Privilège de l'âme: "je sais bien... mais quand même..." Finalement, peut-être n'est-il pas aussi lâche que ça de croire au bon Dieu, tant qu'il repose en paix.

 

Publicité
Itinéraire d'une quête philosophique curieuse de ses propres racines: la pensée comme fleur neuroponique et son rôle écologique dans la sphère humaine.
Publicité
Publicité